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Symphonie Minérale
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1 juillet 2014

Ouverture.- Presto Giocoso con variazione.

 

 10 Mai 2007. Aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

 Charles, Dépêchez-vous, Cessez de lambiner!

8 heures du matin. Enregistrement du vol 49 American Airlines à destination de Dallas Fort Worth au Texas où je serai en correspondance avec celui de Phoenix en Arizona.

Une fois enregistré et pris mes cartes d'embarquement, je me dirige vers l'Admirals Club, normalement réservé aux passagers de classer affaire et de première classe, mais j'ai fait l'acquisition sur le site de la compagnie de pass me permettant d'y accéder à l'aller comme au retour. Je prends toujours l'habitude d'arriver à l'ouverture du check in pour éviter les files d'attente et les bousculades.

Je me prélasse jusqu'à l'embarquement au club en prenant un second petit déjeuner. En fait j'ai remarqué qu'une fois au Club je commence déjà à changer de fuseau horaire, phénomène curieux qui fait que j'ai sommeil comme si j'étais déjà de l'autre coté de l'Atlantique. A Phoenix il est à peine minuit.

Cela fait 4 ans que je ne suis pas retourné dans mes chers canyons.

Je pars pour un mois avec en perspective, deux randonnées dans le Grand Canyon et 3 dans le parc de Canyonlands en Utah. Ce sera pour moi une première car je ne suis jamais descendu dans ce dernier parc tout à fait différent du gouffre de Grand Canyon.

Je prendrai aussi le temps de retourner pour vingt quatre heures dans Paria Canyon un autre lieu magique. Enfin, je vais revoir mes amis Mike et Kim Buchheit, son épouse, à Grand Canyon; Mike est le directeur du Grand Canyon Field Institute.

Je vais me remplir les yeux des splendeurs de la nature avant que la foule et la chaleur estivale ne vienne tout perturber.

11h15 : mon vol est appelé pour embarquer, nous décollons dans une demi-heure.

Je me rends à la porte d’embarquement. Il y a déjà foule pour ce Boeing 767.

« Madame, Mademoiselle, Monsieur, bienvenu sur le vol 49 à destination de Dallas Fort Worth. Merci de présenter votre carte d’embarquement et votre passeport. Nous allons procéder à l’embarquement des passagers AAdvantage, et des personnes accompagnées….. »

A coté de moi, tout un groupe de français sans doute en voyage organisé et qui semble partir à la découverte des USA pour la première fois.

Pourvu que je ne sois pas assis à coté d’un des couples que je repère. Elle, doit faire marcher monsieur à la baguette! Les « oui chérie » sur un ton bien soumis en disent long sur le ménage! Elle a d’ailleurs de l’autorité non seulement sur monsieur, mais sur le reste du groupe, la madame! Elle n’a pourtant pas l’air d’être l’accompagnatrice du groupe.

« Bon voyage monsieur XXXX » et l’hôtesse au sol me tend ticket et passeport

« Merci »

Ben tu fais ce que j'te dis! Compris?!

Un court passage dans la passerelle, on pénètre par la porte avant du Boeing 767, juste après la 1ère classe, traverse la classe affaire et me voilà dans la cabine, mon fauteuil 28A, doit être sur ma droite un peu avant l’aile.

J’arrive à sa hauteur, mets mon bagage à main dans le compartiment au dessus de ma tête après en avoir retiré mon lecteur de dvd, le film « Indiana Jones et la dernière croisade » et un bouquin. Le film commence à Arches National Park en Utah où je vais retourner cette année. Je relis pour la énième fois le récit de la première descente du Colorado par John Wesley Powell qu’il fît en 1869. Je m’assieds et attends patiemment le départ.

La cabine se remplit progressivement. Mes pensées sont ailleurs comme toujours.

Zut! Queen Mum est derrière moi avec son prince consort! Pourquoi tant de haine! Ce n’est pourtant pas les places qui manquent dans un 767!

Avant même que l’on ne décolle la Mama reçoit sa cour! Je devrai dire plutôt Cruella tant elle me fait penser au personnage des 101 Dalmatiens!

C’est toujours l’anticipation des prochains jours…

…Paysages multicolores…

…Mesas impressionnantes…

…Khéops pyramide…

…Temple Butte…

…Point Imperial…

…Les rapides, aux vertes eaux bouillonnant d’écume…

…Delicate Arch toute rose se découpant sur un ciel Prusse…

…Dead Horse….

Une voix agressive et aigrelette : « Monsieurmonsieur….Monsieur, vous êtes sur MON siège…»

28597691-cartoon-angry-woman-with-rolling-pinJe lève la tête, troublé par ce ton peu aimable et cette sonorité discordante.

Me toisant d’un air furieux, une femme entre deux âges, moustachue sur les bords,  me brandit sous mon nez, sa carte d’embarquement.

Décidément ça y est, pas moyen de rêver encore un peu! Qu’ils sont charmants les compatriotes quand ils font un effort! « Smile is the best thing your lips can do » dit ledicton américain! (Sourire, est ce que fait le mieux vos lèvres!!!)

Moi (partagé entre la colère et l’envie d’éclater de rire devant ce guignol à plumes): « Quoi ? Euh ? Attendez, chère madame je vais vérifier sur ma carte d’embarquement… »

Comme toujours quand on m’agresse, je perds un peu mes moyens et je ne retrouve pas tout de suite où j’ai bien mis le petit carton portant mon numéro de siège.

Ah le voici, sous mes fesses, je l’avais jeté sur le fauteuil avant de m’assoir.

Je regarde le numéro, je ne me suis pas trompé c’est bien le bon numéro. Je le montre à la dame encore plus agressive.

Elle : « Ben qu’est-ce qu’on fait, je ne vais pas rester debout pendant 8h !! »

Moi (souriant et hypocrite): « 10h15 chère madame, 10h15. Bien sur que non, chèèèère madame, donnez-moi votre carte d’embarquement et je vais aller vérifier auprès du chef de cabine. Asseyez-vous à Votre place en attendant. Je suis certain que l’on nous trouvera une solution satisfaisante.»

Elle : « Evidemment, vous ne pensez pas que je vais vous attendre debout, de toutes façons c’est Mon siège ! »

Tandis qu’elle prend possession de Son siège, je me rends à la porte d’embarquement et explique le problème à la charmante hôtesse.

Elle me dit d’attendre un instant et sort de l’appareil pour voir ses collègues et tenter de régler l’incident. Cinq minutes plus tard elle revient tout sourire.

L’hôtesse : « Voici, c’est réglé. Dites au passager de garder le siège, voici votre nouvelle carte et celle de la passagère. Bon vol. »

Moi : « merci beaucoup. »

Je retourne en éco tout en jetant un coup d’œil sur ma carte, le numéro du fauteuil est maintenant le 11A.

HA! HA! HA! On va bien rire!

Moi (arrivé au fauteuil 28 et tendant son carton à la dame qui me regarde d’un œil vengeur) : « Voilà chère madame, le problème est réglé et vous gardez Votre place. »

Elle : « Je l’avais bien dit, je sais lire encore ! Ces jeunes ça s’croit tout permis !»

Moi (tandis que je reprends mes affaires) : « En effet chère madame, et plus jeune que vous ne pouvez le croire! (à part) Elle commence à m’embêter celle-là»

Elle (d’un ton méprisant) : « Et vous, vous êtes où, vous ? »

Moi (avec un grand sourire) : « Oh ! C’est trop gentil de vous inquiétez pour si peu. Vous voyez là bas le rideau fermé, fauteuil 11A, tout juste derrière, en Classe Affaires. »

Elle (plus méprisante que jamais et la lippe au fin duvet sombre et en accent circonflexe) : « Ha ! Toujours des privilégiés !

Moi (sourire aux lèvres) : « Eh oui ! Etre voyageur fréquent à ses AAdvantage, très bon vol chère madame.»

Je ne sais ce qui me retient sinon l’absence de chapeau et de costume ad hoc pour lui faire une superbe révérence style grand siècle !

Autour de nous les passagers proches qui ont tout entendu, gloussent de plaisir, au bord du fou rire.

Je la quitte et me rends à mon nouveau siège où un verre d’excellent champagne m’attend.

Je m’installe tout en m’excusant auprès du passager qui est à ma droite pour l’avoir dérangé  et je retombe dans ma rêverie.

Au moins dans le canyon je serai seul ou presque et les oiseaux et écureuils bien que voleurs sont aimables eux!

Tandis que les formalités d’embarquement se poursuivent, je n’entends qu’un fond sonore brouillé alors que dans ma tête défilent les images des moments uniques que je vais vivre pendant un mois.

… Ah! Vais-je retrouver ce jacuzzi naturel dans le petit Colorado aux eaux turquoises et bouillonnantes…

L’avion roule enfin sur le tarmac, et se dirige vers la piste, cela prend du temps dans cette immense aéroport. Il s’immobilise enfin en bout de piste après avoir attendu de longues minutes les atterrissages successifs de vols en finales et le départ de ceux devant nous.

Puis c’est le vrombissement des moteurs, le début du roulage et l’appareil s’incline et décolle.

Comme dira Mike, mon ami du parc, à une journaliste du Figaro quelques semaines plus tard, lui demandant si de nombreux français viennent randonner à Grand Canyon :

« We have an eccentric French man who is addicted to the national park.» (Nous avons un français un peu hors du commun qui en a fait sa drogue).

La terre s’estompe dans le brouillard pollué de la capitale tandis que l’appareil prend son cap vers le nord ouest.

Oui je suis un drogué du Grand Canyon et au moins cela ne fait pas mal, enfin pas trop si on est prudent et je retourne à mes beaux rêves qui deviendront réalité dans 72 heures!

Tout semble bien se passer pendant les quelques 9 premières heures du vol,

La dessus annonce du cockpit, en raison du mauvais temps et de pluies diluviennes sur Dallas, nous sommes déroutés sur près de 500 kms en attendant que le temps se dégage et que nous puissions atterrir sans danger.

Je regarde ma montre, nous devions arriver à 15h et j’avais à peine une heure et demie pour passer les formalités de douane et rejoindre ma nouvelle porte d’embarquement pour un décollage à 16h20. Au train où vont les choses, je suis certain de louper ma correspondance.

Il est presque 16h lorsqu’on nous demande de nous préparer pour l’atterrissage.

Dans un effort surhumain la pauvre hôtesse américaine qui a eu déjà bien du mal à faire les annonces en français pendant le vol, donne les dernières consignes dont celle-ci :

« Meudame , mossieur, nos vos prier de bienne voloir démonter votre tablette devont vous et de relevere la dossiere de votre siègeu ! »

Je suis pris d’une crise de fou rire et m’adressant à mon voisin, lui demande s’il aurait par hasard un tournevis!

Il me regarde interloqué et en riant je lui explique ce que vient de dire l’hôtesse. J’ajoute que hélas sur les compagnies françaises la maîtrise de l’anglais ne vaut guère mieux et que l’on peut se demander ce qui se passerait en cas de problème grave à bord, pour les malheureux passagers étrangers à la langue du pays d’appartenance de la compagnie aérienne.

Nous finissons par arriver à notre terminal. L’hôtesse a rappelé que nous serons pris en charge par un collaborateur de la compagnie pour ceux d’entre nous ayant manqué leur correspondance et que nous devons de toutes façons récupérer nos bagages pour passer la douane et les formalités de police avant de les redonner pour transfert sur nos futurs vols.

Tiens, voilà le groupe mené par Queen Mum énergique et tonitruante!

Arrivée en salle de débarquement, là les choses se corsent!

Elle commence à pousser des cris d’orfraies!

"Comment ça récupérer les bagages", dit-elle à l’employé d’American parfaitement bilingue!

"Ce n’est pas ce que l’hôtesse à dit!"

Commence à s’engager une discussion qui risque d’être sans fin entre la dame et le représentant de la compagnie qui garde son calme et me sidère par son sang froid.

A la fin excédé et n’en pouvant plus je finis par intervenir à mon tour et dis mes quatre vérités à la mégère!

« C’est votre premier voyage aux USA ! Monsieur travaille pour la compagnie et doit peut-être mieux connaitre que vous la législation américaine. Vous vous taisez maintenant, vous prenez vos valoches. Compris? »

Madame qui n’est habituée qu’au garde à vous de son cher époux, me regarde interloquée et s’exécute.

Le steward me remercie à voix basse d’avoir rabaissé son caquet à la mégère.

Je passe la douane sans encombre et m’achemine vers l’équivalent du VAL, train automatique qui dessert les différents terminaux de l’aéroport et là bêtement je me trompe de sens. Du coup je me farcis tous les terminaux les uns après les autres avant d’arriver enfin à celui de ma future porte d’embarquement, le bon dernier.

L’employé de la compagnie nous a prévenus, on a été mis sur la liste d’attente du vol de 19h et quelques. Rien ne dit qu’il y aura de la place, et en tous cas il ne faut pas se faire d’illusions leur nombre n’atteindra pas les quelques 40 sièges nécessaires pour la totalité du groupe dont moi.

Là il semble y avoir un nouveau problème. Le steward d’American à l’évidence ne parle pas un mot de français et Queen Mum et consorts ne parlent pas un mot d’anglais et n’ont pas d’accompagnateur.

Charitablement je viens au secours de l’employé de la compagnie et lui propose de lui servir d’interprète.

Lorsque j’explique qu’il n’y a que 5 sièges de disponibles pour le vol et que les passagers non servis devront attendre le vol suivant qui sera le dernier de la soirée, c’est la consternation. Ils en sont vraiment à leur premier voyage, les chéris!

Queen Mum est hors d’elle! « Ha, toujours les mêmes les amerloques, nous en France… »

Derechef j’explique à Mme mère qu’elle pourra pester tant et plus, cela ne changera rien à moins qu’elle ne consente à partir dans le compartiment du train d’atterrissage ce qui aura au moins un bienfait, c’est de la transformer en glaçon et de nous débarrasser à tous jamais de ses vociférations!

La dessus le steward fait l’appel des cinq passagers. Il a du mal le pauvre avec la prononciation des patronymes français. Je viens à son secours lui proposant de me passer les cartes d’embarquement et d’appeler les passagers un par un, à sa place.

Quand j’arrive à la cinquième carte, je vois mon nom. Je me retourne vers lui étonné et avec un sourire il me remercie et me dit que c’est la moindre des choses de me faire partir tout de suite vu le service que je lui ai rendu.

Je le remercie un peu gêné mais dans le fonds bien content de ne pas avoir à traîner encore ici avec la miss et compagnie qui sort de ses gonds à nouveau tandis que souriant je lui souhaite avec un sourire de hyène, de passer une bonne soirée à Dallas. J’ai de la chance ma moustachue de l’embarquement n’est pas sur la même destination, j’aurais été réduit en bouillie!

Cela dit, J’arrive épuisé à Phoenix à 20h, heure locale, le temps de prendre ma voiture et de me rendre à mon hôtel près de l’aéroport, il sera près de 22h. Je ne serai pas couché avant minuit, c'est-à-dire 9h du matin, heure de Paris. Je suis debout depuis près de 26 heures.

Demain je passe prendre mes commandes chez l’équivalent américain du Vieux Campeur et coucherai le soir à Flagstaff et dans deux jours je dormirai au fonds de Grand Canyon dans la réserve indienne de Supai. 

Adieu Cruella and Co, Grand Canyon me voilà! Yeahhh !

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